Une lutte pour le maintien est toujours rude, et s’y confronter engendre incertitude et préoccupation. Embourbés en pleine zone rouge de National, l’US Avranches et le SAS Épinal espèrent bien éviter une relégation en fin de saison. Pour y parvenir, les deux clubs ont chacun misé sur l’expérience lors du dernier mercato hivernal. La preuve avec Jessy Pi et Baptiste Aloé. Entretiens.
Tous deux à la recherche de temps de jeu, Pi et Aloé sont arrivés sous l’étiquette de « cadre confirmé » au sein de leur formation respective, offrant une plus-value importante à leur effectif. Taillés pour disputer le maintien, les deux anciens joueurs de Ligue 1 se sont confiés sur les conditions de leur arrivée.
Jessy Pi retrouve le goût du football à Avranches
Fort de ses 197 matchs de Ligue 2, Jessy Pi est aujourd’hui considéré comme l’un des joueurs les plus expérimentés de National. Non pas pour sa connaissance de la troisième division française, mais pour ses nombreux matchs disputés en professionnel tout au long de sa carrière. Car le natif de Manosque le sait, il a encore beaucoup à apprendre de la compétition : « Je viens d’arriver, et je ne connais pas beaucoup le championnat pour le moment. J’ai certes vu quelques matchs, mais je me ferai mon avis sur le plus long terme », témoigne avec franchise le milieu de terrain âgé de 30 ans. En revanche, le nouvel homme fort de l’US Avranches sait que le championnat est composé de « bons joueurs, dont plusieurs ayant évolué en Ligue 1 ou en Ligue 2 ».
Malgré cette arrivée en terre inconnue, Jessy Pi est conscient de l’expérience qu’il apporte depuis sa signature au jeune groupe avranchinais : « C’est un effectif assez jeune. Il y a de la qualité. Néanmoins, on peut parfois nous voir couler en deuxième période dans certains matchs. Donc c’est à moi, de par mon vécu et mon expérience, d’essayer de calmer et de gérer tout ça, mais aussi de partager mon avis, d’amener un regard extérieur ». Un des rôles fondamentaux de Jessy Pi est donc de rassurer ses coéquipiers, tout en calmant le jeu. Une maîtrise au milieu non négligeable pour Avranches.
Normandie, me revoilà !
Titularisé pour la première fois face au Red Star par Damien Ott, l’ancien joueur du Toulouse FC, du DFCO ou encore de l’AS Monaco a retrouvé les terrains après six mois sans le moindre club. Sa dernière apparition sur le rectangle vert remontait à juin dernier, lorsqu’il évoluait encore en Ligue 2. Jessy Pi, qui « avait à cœur de rejouer au football », n’a donc pas hésité longtemps pour accepter l’offre des Normands. « J’étais chez moi, à Dijon. Mon agent m’appelle et me dit qu’il a échangé avec Xavier Gravelaine au téléphone. Il me demande si je suis intéressé pour signer à Avranches. Bien entendu, j’ai répondu “oui”. Puis j’ai moi-même échangé avec le directeur sportif et le coach, avec lequel la discussion a été bonne », se souvient le milieu de terrain, pour qui la signature avec le club normand « s’est faite assez rapidement ».
L’une des nombreuses raisons pour lesquelles Jessy Pi a choisi de s’engager avec Avranches est l’affinité géographique qu’il entretient avec le territoire abritant le Mont-Saint-Michel : « J’avais déjà connu la Normandie lorsque je jouais à Caen et j’avais beaucoup aimé cette région. Donc c’était assez naturel pour moi de signer de nouveau ici ». Désormais de retour dans le Nord de la France, l’expérimenté Pi espère bien « maintenir le club » en National. « Il nous reste plusieurs matchs pour ça et on va tout faire pour y parvenir », objective-t-il. Un nouveau challenge excitant pour celui qui a déjà brillé au sein de l’élite du football français, mais qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Je retiens que du plaisir de ma carrière. Cela fait plus de dix ans que j’évolue chez les professionnels, mais ce n’est pas fini et j’espère pouvoir jouer encore quelques années », conclut avec ambition Jessy Pi.
Baptiste Aloé ou le nouveau roc défensif d’Épinal
Bien installé dans la défense d’Épinal, Baptiste Aloé semble s’être parfaitement adapté à son nouvel environnement. Victime d’une lourde blessure la saison passée sous le maillot de l’AS Nancy-Lorraine, le défenseur de 29 ans a vécu un exercice 2022-2023 très difficile sur le plan personnel. Le natif de La Ciotat est revenu sur cette phase compliquée de sa carrière : « Sur le plan footballistique, j’ai connu ma première grosse blessure en tant que sportif de haut niveau. On pense que ça n’arrive qu’aux autres, alors que ça peut aussi nous arriver. Mais je ne garde que le positif de cette expérience, car je pense que cette blessure va me permettre de poursuivre plus longtemps ma carrière », résume-t-il. Cette signature du côté d’Épinal, à seulement quelques kilomètres de Nancy, a donc permis à Baptiste Aloé de se relancer, en retrouvant peu à peu une confiance amoindrie.
Dès son arrivée, le Ciotaden a senti une formation, certes fragilisée en raison de sa position au classement, mais toujours autant investie pour poursuivre son aventure en National : « On sent que c’est un club qui profite d’évoluer dans cette division et qui a envie de se maintenir, car c’est un championnat compétitif auquel on accède difficilement. Le club a vraiment envie d’y rester, même si c’est une année particulière avec ces six descentes », explique l’intéressé. Motivé, et en dépit de la difficulté, Aloé veut croire en la chance des siens : « On est des footballeurs professionnels, on est là pour gagner tous les matchs et donc pour se maintenir. C’est un challenge auquel peu de monde croit, mais moi, je pense que nous pouvons le faire. Il faut simplement mettre les bons ingrédients pour y parvenir », s’exclame-t-il.
Une arrivée express, mais sur le fil…
C’est dans la dernière nuit du marché des transferts, sur le gong, que s’est concrétisée la signature. Malgré des contacts initiés assez tardivement, toutes les parties se sont rapprochées pour parvenir à un accord en quelques jours seulement. « Tout s’est accéléré après la rencontre entre Épinal et Nancy, vers la fin du mercato. Le club d’Épinal m’a contacté pour savoir quelles étaient mes perspectives pour la suite, et les discussions ont démarré à ce moment-là », se remémore Baptiste Aloé. Si le défenseur s’est tout de suite montré emballé par le projet sportif, c’est surtout le côté “familial” de la formation spinalienne qui l’a poussé à rejoindre le navire : « Les endroits où j’ai le plus réussi, c’est lorsque j’étais épanoui humainement, proche du club. C’est pour cette raison que j’ai choisi de rejoindre Épinal ».
Passé par la Ligue 1 avec l’Olympique de Marseille, Baptiste Aloé a également eu l’opportunité de disputer une rencontre de Ligue Europa en 2012 avec le club phocéen. Plus habitué à la Ligue 2 malgré tout, en attestent ses 98 rencontres en deuxième division, le défenseur axial français a promis d’apporter « son leadership » à l’effectif de Fabien Tissot, en quête d’expérience. « Épinal recherchait un joueur expérimenté pour sa défense et je correspondais à ce que voulait le club », détaille Aloé, pour qui l’objectif était clair : repartir de l’avant après sa récente blessure. « J’avais besoin de retrouver des sensations et du temps de jeu, mais aussi de refaire mes preuves », témoigne l’ex-international U21 français. C’est désormais chose faite, puisque ce dernier comptabilise déjà sept matchs de National avec Épinal. Soit un de plus que sur l’ensemble de la saison dernière.
Le National : une attractivité ascendante
À l’image de Mathieu Coutadeur (Le Mans) ou de Dimitri Liénard (FC Sochaux), deux anciens pensionnaires de Ligue 1, de nombreux joueurs possédant l’expérience du haut niveau ont rejoint le National ces dernières années. Serait-ce la preuve d’un championnat toujours plus attractif et passionnant ? Assurément. Car en plus de ces joueurs expérimentés, de jeunes talents éclosent chaque saison, jusqu’à atteindre les sommets. Neil El Aynaoui, aujourd’hui au RC Lens, en est la parfaite illustration. De quoi relancer les débats autour de la création d’une éventuelle Ligue 3…
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